[Interview] Masaaki Yuasa au Festival d'Annecy 2022
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Parmi les grands invités du Festival d’Annecy 2022, l'un d'entre eux s'est démarqué pour son nouveau film et son rôle de parrain !
Masaaki Yuasa était présent, une fois de plus, au « plus beau des festivaux » à la fois en tant que parrain du MIFA Campus mais aussi pour présenter lors de deux séances événements sa prochaine sortie, Inu-Oh, que le distributeur All The Anime amènera en salles dès le 23 novembre 2022 !
Si le film compte parmi mes coups de cœur du festival, la critique sortira après cette interview qui nous a été accordée par le réalisateur et les attachés de presse présents sur place. Donc déjà, un grand merci à eux de nous avoir permis d'avoir cette chance et ensuite, voici notre interview :
Un invité de marque
C'est un film que j'attendais et qui m'a beaucoup surpris, autant d'un point de vue visuel et auditif.
Comment s'est passé votre semaine lors du Festival d'Annecy ?
J'ai trouvé le public extrêmement gentil et ils m'ont tous accueilli très chaleureusement.
Une ère oubliée
Pourquoi avoir choisi cette période ou cette ère historique, qui n'est pas très connue en dehors du Japon mais qui mérite justement de l'être ?
Le Heike Monogatari, c'est l'histoire racontée par les moines aveugles joueurs de biwa ou les danseurs de théâtre sur un clan qui a perdu une bataille. Donc le nom de Heike reste dans notre histoire mais on connait finalement très mal les danseurs de nô qui ont transmis cette histoire.
Et Inu-Oh, on connaît son nom mais absolument pas son histoire. Donc le romancier Furukawa a décidé d'écrire une histoire sur le personnage d'Inu-Oh qui a vraiment existé mais dont on ne connaît pas l'histoire.
Aujourd'hui, je réalise un film d'animation sur cette histoire. C'est la transmission, quelle que soit la forme, que je trouve très intéressant.
Le roman de l'auteur Hideo Furukawa, Tales of the Heike : INU-OH (Heike Monogatari: INU-OH no Maki), est sorti le 3 février 2022 aux éditions Picquiers en français sous le nom « Le Roi Chien », avec une couverture signée Taiyou Matsumoto.
De la transmission à la création
Laquelle des deux choses a été la plus difficile ? La création de Tomo, un personnage inventé pour cette histoire, ou justement la création de l'histoire d'Inu-Oh, qui a existé mais dont l'histoire n'est pas très répertoriée ?
Je ne peux pas vraiment dire laquelle était la plus compliquée mais comme Inu-Oh ne s'extériorise pas, c'était quand même assez difficile de montrer ce personnage.
Entre tradition et nouveauté
Quel a été le challenge sur la capacité à mélanger la tradition, notamment l'arc et l'histoire, avec la nouveauté, notamment les danses et la musique ?
C'est vrai que c'était un challenge mais plus que ça, ce qui était important c'était d'avoir de l'imagination pour des choses que nous ne connaissons pas.
Par exemple, l'histoire ou l'époque qu'on voit possède des choses qui restent aujourd'hui, on ne regarde plus ce qui a été transmis alors que la majorité des choses ont disparu. Au Japon, il y a l'ère Jōmon qui a duré 10 000 ans mais qu'on représente toujours avec les mêmes formes de gens, mode de vie ou style vestimentaire.
D'autres formes ont décidé de répondre mais il faut savoir que nous devons avoir beaucoup d'imagination pour ces époques que nous ne connaissons pas. Je voulais même dire à travers ce film qu'il faut avoir beaucoup d'imagination et de reconnaître que l'on ne connait pas tout mais que dans l'imagination, on se retrouve.
Sarugaku ou Nô ?
Avez-vous une préférence pour la tradition avec le sarugaku, qui est plus acrobatique et mouvementé, ou pour la nouveauté avec le nu, qui est plus calme et posé ?
La comparaison entre les deux est très difficile et le nô d'aujourd'hui, c'est ce qui a été transmis jusqu'à aujourd'hui donc c'est très peu spectaculaire mais serait-ce que penser que c'est un art qui a été transmis depuis des siècles, c'est déjà extraordinaire. Donc j'ai beaucoup de respect par rapport à ça.
Le sarugaku est plus spectaculaire, beaucoup plus varié et ça a étonné le public mais même si c'est extraordinaire, j'ai du mal à choisir entre les deux.
Aveugle mais pas aveuglé
La façon de donner une nouvelle vision aux aveugles par le son, tout en étant très graphique est très intéressante.
Comment cela a-t-il impacté le développement de Tomo ?
In-Oh est un individu qui n'a pas énormément évolué en termes d'esprit jusqu'à la fin du film alors que Tomo a vraiment évolué parce qu'au début du film, il est tout seul et au fur et à mesure, il va jusqu'à créer sa propre troupe. Il va même représenter le pont entre les sons et la société qui l'entoure.
Au début, il a commencé à jouer du biwa parce que ça lui faisait plaisir mais c'est devenu petit à petit son travail, donc le rapport entre l'instrument et Tomo a bien changé.
Et pour moi, ça ressemble un peu à la relation du père d'Inu-Oh qui était au début un artiste et petit à petit, le théâtre nô n'était plus un simple plaisir.
L'histoire d'un duo
Inu-Oh et Tomo forment une amitié presque instantanément et leur lien se fait à travers la musique.
Est-ce que vous avez imaginé à un moment cette histoire avec seulement un d'entre eux ?
C'est la relation des deux qui est la plus importante. On peut la comparer à celle de Ping Pong The Animation*, c'est-à-dire que l'histoire de Ping-Pong est en réalité celle de PECO, donc le héros, mais vue par son ami Smile.
L'histoire d'Inu-Oh est un peu pareille, c'est son histoire mais vue par Tomo. Et de toute façon, il faut les deux personnages pour raconter cette histoire.
La musique
C'est donc ça qui fait qu'Inu-Oh s'est mieux senti avec Tomo plutôt qu'avec son père.
À la fin, Tomo retrouve un simple plaisir de jouer du biwa et la musique est vraiment le lien qui signifie l'amitié entre Tomo et Inu-Oh.
INU-OH sortira dès le 23 novembre 2022 dans les salles de cinéma françaises !