Tommy Wiseau voulait créer son propre film et en 2003, il a réalisé THE ROOM est l'un des plus grands nanars au monde, mauvais au point d'en devenir une légende plusieurs années plus tard. En 2013, son meilleur ami Greg Sestero a écrit le livre THE DISASTER ARTIST qui retrace sa rencontre avec Tommy jusqu'à la sortie du film… Et presque 15 ans plus tard après la sortie du film, donc presque 5 ans après la publication du livre, James Franco et son petit frère Dave Franco ont décidé d'adapter le livre et montrer au monde entier comment ce film est devenu aussi mythique.
Il faut être un peu bon public sur ce point mais plein de points dans ce film rendent l'histoire assez drole. Autant pour le côté ridicule des événements que la façon donc chacune des choses survient l'une après l'autre. Leur histoire est vraiment bizarre et pourtant, il est possible d'en rire. Sans compter que le casting aide à rendre l'histoire plus drôle, les acteurs qui jouent les rôles de l'équipe du film sont parfaits.
En parlant de bizarre, THE ROOM est le nanar par excellence tellement c'est mauvais. Vraiment mauvais. Mais qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Wiseau et Sestero pour oser écrire, tourner et laisser en salle un film pareil ? C'est en partie ce que le film montrera, grâce à ce que Sestero dit dans son livre.
Tommy Wiseau est quelqu'un de très spécial mais peu de gens s'attendent à ce qu'il soit aussi spécial. Son jeu d'acteur est mauvais, ses idées sont mauvaises et on le voit dans son film, mais nous ne savons pas tout ce qu'il a pu faire derrière la caméra et avant-même d'être derrière la caméra.
Même si le petit frère Dave Franco joue bien le jeune Sestero timide, réservé et renfermé (pas grand chose de bien difficile pour cet acteur), le vrai héro de l'histoire est Tommy ou plutôt son interprête James qui capture toute l'essence du personnage dans sa façon de bouger ou de parler et qui donne vraiment cette impression presque malsaine d'avoir Tommy Wiseau à l'écran. Franco n'a pas trop accentué tous les traits du visage de Wiseau (et tant mieux), le rendant ainsi un peu plus agréable à regarder mais le niveau de détail reste impressionnant : les cheveux, les poses, le rire, l'oeil gauche qui est légèrement fermé…
C'est une question de point de vue. Si en regardant le film vous ne trouvez pas que Franco arrive à se moquer gentiment de Wiseau tout en montrant le génie qu'il lui a fallu pour oser faire ce film, qui aujourd'hui est devenu culte, vous penserez tout de suite que c'est de la moquerie gratuite et sadique sur Wiseau qui est montré comme quelqu'un de très mauvais (manipulateur, opportuniste, égocentrique, beaucoup trop secret, malsain, renfermé sur lui-même et incapable de penser au bonheur des autres).
Toujours selon le point de vue, si vous jugez Wiseau alors vous jugerez THE DISASTER ARTIST. Ce genre d'histoire, trop folle pour être vraie, n'a pas lieu d'être forcément adapté et encore moins d'avoir cet avis qui pourrait sembler moralisateur alors que le simple fait de le tourner relève du même niveau…
Si vous vous attendiez à une parodie, THE DISASTER ARTIST n'est pas pour vous. Les frères Franco réussisent à raccourcir l'histoire du livre, quitte à prendre quelques raccourcis, pour faire rire un peu tout le monde d'un des plus grands échecs du cinéma. Approuvé par les principaux concernés, Tommy Wiseau et Greg Sestero, l'histoire plus bizarre que la fiction réussit à susciter une émotion en chaque spectateur (du rire, de la compassion ou de la pitié par moments) et c'est ce qui donne un petit goût de réussite à ce pari risqué (ce film), sur un autre pari risqué (The Room).
C'est plus un film qui nous encourage à rire avec les personnages plutôt que de simplement se moquer d'eux mais nous n'apprenons pas spécialement grand chose de plus sur le mystérieux Wiseau : le film montre à quel point il aura été bizarre mais en aucun cas mal intentionné. Ça reste l'histoire d'un homme qui voulait devenir célèbre et qui a fait tout pour tenter d'atteindre son but… même si le "comment" et la provenance de l'argent restent inconnus.