Le Roi Lion

25 ans après l'histoire originale de Disney, une nouvelle version voit le jour avec (beaucoup) plus de réalisme. Ce n'est pas une adaptation live-action, c'est une ré-imagination de l'histoire avec quelques petits changements et un point de vue bien plus réaliste. Changements de voix, changement de style graphique, changement d'époque… que vaut Le Roi Lion (2019) ?

Les points positifs

1. Un nouvel angle sur un film marquant

   
   

   Même si c'est bizarre à lire/entendre, il existe encore beaucoup de personnes qui n'ont toujours pas vu Le Roi Lion (1994) et qui ont peut-être besoin d'une bonne raison de le voir. Ce nouveau angle bien plus réaliste pourrait donner envie aux néophytes et/ou à celles et ceux qui n'ont jamais trouvé le temps de s'y mettre pour avoir un bon élément de comparaison et un "vent de fraîcheur" sur cette histoire aujourd'hui aimée de tous.

2. Timon et Pumbaa volent la vedette

   
   

   Si on oublie que ce ne sont pas les voix d'origine, on s'attache assez rapidement (comme dans la version animée) aux deux personnes à la philosophie sans aucun soucis. Non seulement leurs voix réussissent à faire ressortir l'esprit des personnages mais ils volent clairement la vedette à partir de leur apparition puisque leur présence fait pratiquement oublier celle des autres personnages.

3. Scar passe de clochard du désert à vrai méchant stratège

   
   

   "Le clochard du désert" est le surnom que je donnais à Scar lorsqu'une première image avait été dévoilée et franchement, le film rend mieux qu'une simple image. Mais ce n'est pas tant physiquement que le personnage plait, au contraire c'est plutôt grâce à son doubleur (Chiwetel Ejiofor) qui donne une certaine prestance au frère aîné de Mufasa, sans reprendre le côté espiègle mais plutôt le côté plein de rage envers son frère.

4. Les chansons restent plutôt cool

   
   

   En dehors d'une chanson qui m'a fait moins d'effet que les autres (voir les points négatifs), j'ai beaucoup apprécié le fait d'avoir revisité ces chansons que l'on connait depuis tant d'années. Les nouvelles voix au casting ajoutent leur propre pâte à ces classiques revisités sans vraiment leur faire perdre leur nature et c'est plutôt sympathique. Et encore une fois, Timon et Pumbaa volent quand même un peu la vedette à Simba lionceau et Scar, notamment grâce aux petits changements dans Hakuna Matata et la référence à La Belle et la Bête !

5. Le côté réaliste se fait oublier au bout de quelques minutes

   
   

   C'est l'un des points sur lesquels j'étais le plus sceptique, le côté réaliste des personnages. Mais bonne nouvelle, on s'y fait assez rapidement. En y allant sans (trop) d'à priori, on fait rapidement abstraction du fait que les personnages sont de "vrais" lions qui se baladent dans des décors plus réels.

6. Sans l'exagération visuelle des émotions, tout se joue sur les voix

   
   

   Et pour rebondir sur l'ensemble des points précédents, quand les personnages ne peuvent pas créer de l'émotion avec leurs expressions faciales ou les exagérations animées des personnages tout se joue finalement dans la voix et c'est un réel challenge que les comédiens choisis ont dû relever : susciter des réactions et une crédibilité à travers leur voix et dans l'ensemble, le pari semble plutôt relevé.

Les points negatifs

1. Beyoncé

   
   

   Au-delà du simple fait qu'elle n'a pas une grande présence dans le film alors qu'elle a une certaine place dans la promotion, le reproche que je fais ici c'est simplement que son doublage est mauvais. L'émotion n'est pas présente et elle semble juste réciter un texte avec une intonation clichée saupoudrée d'une légère touche d'accent africain tout droit sorti de Black Panther. Cela aurait pu fonctionner mais on se retrouve à rapidement se dire que les enfants, qui doublent Simba et Nala enfants (lionceaux) donnent mieux vie à leur personnage qu'une artiste pourtant pourvue d'un grand talent et d'une certaine facilité avec le show.

2. Cette version est-elle nécessaire ?

   
   

   A-t-on vraiment eu besoin de revoir ce grand classique sous un nouvel angle ? Contrairement à d'autres films tels que Cendrillon, Jungle Book, La Belle et la Bête ou encore Aladdin, chacun de ses films a tenté de reprendre une histoire animée pour en faire une réelle adaptation live-action, certes avec quelques petits ajouts qui sont de circonstances mais toujours dans le même esprit pour juste rafraîchir le style. Mais Le Roi Lion (2019) n'a pas la même vocation et donne juste l'impression de nous vendre une nouvelle vache à lait.

3. Le combat entre la nostalgie et nouveauté

   
   

   En dehors de questionner la légitimité et le besoin d'un tel film, il est l'exemple parfait d'une bataille entre la nostalgie et la nouveauté que ce soit graphique, narratif ou affectif. Est-ce que la nouvelle génération y trouvera un intérêt ? Est-ce que celle qui a grandi avec le film d'animation de 1994 acceptera le changement ?

4. Les voix françaises ne donnent absolument pas envie

   
   

   En dehors de LEGO Batman le film, c'est le film au casting français me moins intéressant annoncé ces dernières années. Déjà Disney fait perdre le fil à celles et ceux qui s'attendaient à entendre les voix avec lesquelles ils ont grandi, avec comme seule exception Jean Reno qui est le seul comédien à reprendre son rôle. Mais ensuite, même si certains choix peuvent être compréhensibles, le questionnement est toujours là. Par exemple pourquoi Rayane Bensetti ? Jamel Debbouze et Alban Ivanov peuvent très bien faire Timon et Pumbaa mais pourquoi eux qui ne dégage pas la même aura que les personnages… sur ce coup, c'est un grand non à la VF pour nous et on ne semble pas être les seuls sur Internet.

Conclusion

Le Roi Lion (2019) est une adaptation plutôt intéressante dans l'ensemble, tant par le challenge graphique qui a été pris que par le challenge vocal qui met en avant des célébrités en particulier. Mais le plus grand challenge reste de savoir si la nostalgie ne bloquera pas toutes les chances de séduire un public très attaché au film de 1994.

C'est visuellement intriguant, pas forcément le style graphique que j'aimerai voir dans toutes les adaptations à venir. On s'y fait mais on ne va pas forcément aimer à 100% parce que même si les voix sont là pour tenter d'y pallier, la technicité et le réalisme font qu'il y a un manque de fluidité et d'émotion visuelle flagrant.

Le réel challenge du réalisateur Jon Favreau résidait dans le fait de ne pas raté cette version, et il l'a plutôt réussi. La direction est bonne donc le côté plutôt négatif ne provient pas vraiment de son travail même si le film a essayé de ma jouer le plus sage possible en s'accrochant au matériel de base, il a su "perfectionner" certaines performances/répliques.