Premier film du studio britannique Locksmith Animation, et seul film qui sera distribué par 20th Century Studios (et donc Disney), Ron Débloque est l'un des films d'animation qui va animer cette fin d'année qui manquait légèrement de sorties pour les familles. Ce n'est pas un film de Noël mais cela pourrait presque s'en rapproche, Disney a plutôt placé Encanto à cette date et c'est peut-être un meilleur pari.

Que vaut cette première production et qu'est-ce qui fait que l'on veut (ou non) la regarder ?

Les points positifs

1. Belle animation

   Pour un studio d'animation qui n'existe que depuis 2014 et dont ce n'est que la première sortie majeure, Ron Débloque réussit à se démarquer avec un style qui lui est propre et qui réussit à faire ressortir la simplicité mais aussi les différences entre les personnages. Comme l'expliquait l'équipe du film durant la conférence de presse du film, leurs personnages sont « conçus d'une façon qui supporte qui ils sont et leurs émotions ».

2. Très bon casting

   Sans regarder le casting vocal, on pourrait ne jamais deviner qui sont les comédiens derrière chacun des personnages, sauf peut-être le père de Barney. Mais pour Jack Dylan Grazer, qui incarne Barney, et Zack Galifianakis, qui incarne Rob, c'est la surprise et surtout une alchimie énorme qui sort bien sur grand écran.

3. Un concept intéressant (et familier)

   Le concept d'une création qui sert de meilleur ami n'est pas étrangère, surtout pas dans les films d'animation. Parfois l'idée change légèrement : le meilleur compagnon, le meilleur collègue, le meilleur coéquipier… mais l'idée finale est la même, se trouver un ou plusieurs nouveaux amis. Et forcément, notre cher Rob ressemble très fortement à un certain Baymax, qui a été introduit dans le film Disney/Marvel Les Nouveaux Héros avant d'avoir une série d'animation spin-off. Et d'une certaine manière, le film est une quête pour un personnage en particulier, surtout sur le dernier quart du film, ce qui m'a beaucoup fait penser à un film sorti cette année sur Netflix : Les Mitchell contre les Machines. Autant pour Katie que pour Barney, il y a une création qui tourne à la menace, une IA et surtout une entreprise technologique qu'il faut infiltrer pour sauver le monde.

4. Des messages positifs

   Comme tout bon film d'animation de gros studios dédiés à un public assez jeune, il faut toujours avoir un message à fournir aux enfants et ici, il y en a quelques uns. Barney est issu d'une famille particulière : sa mère est morte, son père fait de son mieux en tant que commercial et sa grand-mère est plus qu'excentrique, ce qui lui a valu en partie d'être le marginal de l'école. Et c'est sans oublier sur le fait qu'il ne se sent pas à l'aise, sa famille est très modeste et ne peut pas lui offrir un B*Bot comme tous les enfants de son école. Les messages prennent un peu de temps à venir mais ce sont des valeurs d'acceptation des autres, d'acceptation de soi-même aussi, d'apprendre à être soi-même quoi qu'il arrive et surtout des valeurs d'amitié, de respect de l'autre sans lui imposer quoi que ce soit.

5. Une certaine critique de notre société

   À terme dans le film, il y a une certaine critique de notre attrait à la technologie et de voir à quel point les effets peuvent en être néfastes : mauvaise utilisation, dérives des entreprises, violation de la vie privée, moqueries et ridiculisations sur les réseaux sociaux, perte d'humanité et de contact à force d'être scotché à des écrans… C'est tout ce que Barney et Rob ne représentent pas : ils sont simples, honnêtes et ne cherchent pas à en faire trop pour plaire à tout le monde, ils sont juste authentiques.

Les points négatifs

1. Un peu lent à démarrer

   L'histoire prend vraiment un bon moment avant de se lancer et c'est peut-être le plus grand handicap du film pour s'y plonger. Les enfants qui étaient derrière moi durant la projection étaient assez agités au début et ont pris du temps à vraiment être accroché. Pour ma part, je trouve que la construction des fondations est un peu trop longue et que l'histoire pourrait peut-être aller un peu plus à l'essentiel, tout en gardant le même niveau de détails.

2. Rempli de clichés

   Si on ne compte pas les clichés évidents comme les stéréotypes sur les différents enfants dans une école (la brute, les suiveurs, les joueurs, la star, l'intello etc…) nous pouvons toujours en trouver dans les personnages secondaires : la grand-mère complètement folle mais qui est très aimable, le père complètement perdu noyé sous son travail pour tenter de subvenir à son fils après la mort de sa mère mais qui finit par être un peu à l'écart de lui, le jeune chef d'entreprise qui trouve une superbe idée mais qui est juste exploitée de la mauvaise façon ou encore le financeur qui est vraiment la copie conforme de Tim Cook (PDG d'Apple) mais en parodie. En soit, la présentation du B*Bot et les magasins pour les découvrir ressemblent en tout point à du marketing d'Apple autour des iPhone et des Apple Store.

Conclusion

Ron Débloque a donc de quoi vous donner envie d'avoir votre propre B*Bot, même si la construction est semblable à un autre film sorti cette année et que le personnage ressemble légèrement à un autre personnage déjà existant. Malgré ses quelques longueurs et ses clichés, le film est une très belle découverte et me donne envie de suivre les prochains films que Locksmith Animation développe.

Je terminerai juste sur une citation d'un réalisateur pour justifier une nouvelle fois le titre de cette critique, un titre que j'ai choisi avant d'assister à cette conférence de presse :

Nous voulions vraiment dès le début que [le design] soit super simple et attractif et presque comme si nous avions volé les meilleurs designers d'Apple pour faire ça.

- Jean-Philippe Vine, réalisateur