Le 8ème film du DCEU va sortir au cinéma dans quelques heures, que vaut ce film qui réunit une équipe de choc sans aucun super-héros majeur de la même envergure que ceux de la Justice League ? Margot Robbie a poussé ce film, en plus de le produire, et elle revient dans la peau de Harley Quinn. Elle est accompagnée d'autres femmes badass comme Huntress (Mary Elizabeth Winstead), Renee Montoya (Rosie Perez) et Black Canary (Jurnee Smollett-Bell).
Tous les autres personnages feront leur première apparition dans le DCEU et c'est Cathy Yan qui pilote le navire à la réalisation et c'est très sûrement pour le meilleur, aux yeux des fans comme aux yeux du studio qui a raison de laisser les réalisateurs et réalisatrices aller au bout de leur idée sans avoir à tout altérer en post-production par peur de ne pas faire comme Marvel Studios…
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L'un des éléments les plus importants du film n'est autre que l'image dans sa généralité. Au delà d'avoir des personnages qui sont intéressants, ils peuvent perdre de leur valeur s'ils ne sont pas bien mis en avant par l'image et même par les décors. Et ici, Cathy Yan prouve que la scénographie peut améliorer la scène en mettant plus en avant un personnage. Les décors sont vraiment bien choisis, bien mis en évidence et bien représentés.
Autre détail, qui va de paire avec le point précédent, c'est le fait que le film est assez "clair" pour prendre un argument des personnes qui ont été sceptiques par rapport à DC jusque là. Tout se joue sûrement sur les couleurs et cela aide à encore plus mettre en avant les personnages mais aussi les actions en cours de déroulement. L'exemple le plus parlant serait celui du "braquage" du poste de police par Harley Quinn avec son fusil qui envoie des projectiles divers allant des balles de plastique à des bombes de peinture en passant par une bombe de confettis !
Si cela vient de la productrice/actrice Margot Robbie, elle a fait le meilleur choix qui soit. En mettant en avant à plusieurs reprises dans le film que ce film est lié à SUICIDE SQUAD, on facilite plusieurs points de narration : le contexte de Gotham, la peur insuflée par le Joker, les origines de Harley (qui sont à nouveau montrées en flashback) et tout simplement une sorte de respect envers le travail initial du réalisateur David Ayer qui a quand même mis son personnage sur le devant de la scène.
Si vous n'avez pas la référence, ce n'est pas grave parce que c'est à propos de la WWE. L'avantage de cette classification, c'est la liberté qui s'offre à DC mais ici surtout à Cathy Yan dans ce qu'elle peut réaliser dans son film. En plus d'aller plus en profondeur avec le comportement de certains personnages, les combats peuvent être plus violents et se permettre de lier de la cocaïne à une barbe qui brûle tout en voyant des jambes se casser complètement dans l'ordre sens. Ce sont des détails qui vont que l'on apprécie encore plus la liberté offerte par cette classification.
Déjà, BOP est Rated-R et rien que pour ça, il est assez différent du reste du DCEU. L'une des nouvelles pierres à l'édifice que sont les Worlds of DC, BOP ne tente pas de faire comme ses prédécesseurs. Bien sûr, les liens sont présents et assumés mais le film en soit créer sa propre identité. Et il ne faut pas oublier que c'est aussi le premier film adapté de comic books qui a plusieurs personnages principaux féminins (Wonder Woman ou Captain Marvel se centrent essentiellement sur la super-héroïne qui se trouve dans le titre du film).
Le genre du film va de paire avec le style à la réalisation et Cathy Yan est arrivée avec quelque chose de nouveau : une nouvelle approche des personnages féminins dans les films DC, une nouvelle approche autour de Harley Quinn mais aussi dans une moindre mesure, une nouvelle approche sur la toxicité des hommes (que ce soit le Joker ou Black Mask) envers leur entourage ou plutôt envers les femmes.
Ce point pourrait aussi être lié au précédent car l'une des musiques qui m'a le plus marqué dans le film n'est autre que It's A Man's Man's Man's World interprété par Black Canary / Dinah Lance (Jurnee Smolett-Bell). C'est la chanson qui résume le mieux le film et la situation dans laquelle elle se trouve à ce moment précis.
BOP s'offre une introduction totalement animée dans laquelle on découvre de façon assez drôle et racontée rapidement, les origines de Harleen Quinzel. De son enfant à sa rupture avec Mister J., c'est assez pratique de se lier à un visuel de personnage d'animation plutôt qu'à plusieurs actrices qui se succèdent en fonction de son âge. Dans ce cas très précis, le concept de Warner Bros. France qui consiste à mettre les premières minutes d'un film sur leur chaîne YouTube serait totalement approprié et sûrement très apprécié.
Si le spectateur semble se perdre dans l'histoire, Harleen Quinzel a ses moments durant lesquelles elle brise le quatrième mur (en plus de la narration). Du début à la fin du film, Harley commente des situations pour vous permettre d'avoir la vue d'ensemble et le contexte dans lequel s'incrivent les scènes. Cela permet à la fois de lier les paranthèses dans l'histoire, les retours en arrière et les flashbacks, tout en montrant qu'aucun détail n'a été oublié.
Au delà d'être le cliché d'un enfant gâté, ce qui peut se comprendre quand on veut devenir le nouveau baron de la ville et devenir aussi imposant que le Joker, mais son histoire et ses interactions le montrent sous un angle assez négatif. Il s'énerve rapidement et craque assez rapidement, jusqu'à ce que Zsatsz vienne le calmer. C'est assez réaliste de proposer une solution comme celle-ci mais quand on se dit que c'est lui qui gère une grande partie de la ville de Gotham, c'est dommage de le voir faire ses caprices de bébé ronchon.
La traduction francophone, vraisemblablement canadienne, a retiré ce mot essentiel qui existe quand même en français pour le remplacer par « histoire » alors que dans le film, et dans la dernière bande annonce, Harley parle bien d'émancipation en VOST et en VF. Donc même si le film est un récit, il n'y avait pas lieu de faire cette modification.
Je vais vous épargner le fameux "DC se dirige dans la bonne direction" alors qu'ils le sont déjà depuis plusieurs films. Ce film est violent, coloré, engagé d'une certaine manière et totalement fun. DC débute l'année en force et on ne peut que souhaiter que le prochain film, WONDER WOMAN 1984, profite d'un bon succès.
Si BOP prouve quelque chose, c'est que les femmes doivent avoir une plus grande place dans l'univers des adaptations de comic books au cinéma. De plus, BOP prouve DC peut se permettre de faire plus de films Rated-R car hors-DCEU, c'est le second film présenté par DC avec cette classification après JOKER.