Alors que Kingsman 3 se fait attendre, un préquel sur la création de l'agence d'espionnage britannique nous fait patienter avec un bel ensemble sur fond de guerre mondiale et de manipulations dans le plus grand des secrets. Que vaut donc cette troisième aventure qui retourne une centaine d'années en arrière ?
Que demander de plus qu'un retour de la classe à la british, les manières font l'homme et on comprend d'autant plus pourquoi l'expression des deux premiers films a du sens pour l'agence d'espionnage. Tout ce qui fait l'agence, toutes ses connexions, tous ses codes… tout est expliqué et c'est presque mignon en fin de compte quand on apprend pourquoi les noms de la table ronde ont été choisis.
Très peu d'affiches du film montrent d'autres ennemis que Raspoutine, il n'est donc pas le seul personnage au casting mais Rhys Ifans brille vraiment dans son rôle. Vous allez le voir deux fois en salles en cette fin d'année, d'abord dans Spider-Man: No Way Home et puis finalement ici dans The King's Man. S'il n'y a qu'une performance à retenir parmi les ennemis du film, c'est bien la sienne… même si c'est la seule qui a vraiment été montrée dans la promotion.
Même si le début du film s'impose avec la relation mère-fils, c'est très rapidement la relation père-fils qui est évoquée et surtout qui devient le fil conducteur de l'histoire avec les craintes et les limites de cet amour. Il critique d'une certaine manière les deux parties : la surprotection des pères par peur de perdre leur enfant et l'envie trop pressante d'émancipation des fils qui croient tout savoir.
Si le film aide à comprendre ce qui a mené à la création de l'agence Kingsman un siècle plus tôt, voire même à la création de l'agence Statesman aux États-Unis, on pourrait potentiellement penser à un Kingsman 3 en faisant le lien avec les USA mais c'est peut-être plus l'optique d'une suite à ce prequel, donc toujours en restant dans le passé, que l'on pourrait imaginer le prochain travail de la série grâce à (ou à cause de) la scène bonus après le premier générique de fin.
L'un des plus grands problèmes du film vient de là : il faut attendre les toutes dernières minutes pour que l'agence d'espionnage britannique ne soit créée. C'est vraiment la dernière scène du film, avant les premiers crédits, qui donne officiellement naissance à l'agence et l'explication des noms ainsi que de leur mission officielle. Et c'est vraiment dommage d'avoir à attendre jusque là, pour un film d'environ 2h30, alors qu'il s'agit quand même du sujet principal de l'histoire.
L'intrigue part très souvent dans tous les sens et c'est dû à la volonté de raconter 4 histoires en même temps : la vision politique, la vision des ennemis, la vision du père et la vision du fils. Toutes ces visions s'entrecroisent par moments, notamment avec le sujet de la guerre entre plusieurs nations, mais c'est étouffant à la longue. La guerre est même la partie la plus frustante parce qu'elle n'a pas besoin d'être expliquée et pourtant, elle est un peu trop montrée et rythme la vision du fils. Et malheureusment, cette partie de l'intrigue prend fin de manière abrupte avec la fin de l'histoire du fils.
Le film dispose finalement de grandes pointures du cinéma britannique, on y retrouve plein de noms intéressants avec des acteurs et actrices qui donneront le sourire aux lèvres. Cependant, Disney et 20th Century Studios ont décidé de ne pas trop les dévoiler lors des différentes promotions du film et c'est un peu se tirer une balle dans le pied. Au lieu de capitaliser sur leur apparition, même si elles sont minimes pour la plupart d'entre elles, le studio décide de jouer la carte de la surprise.
The King's Man: Première Mission semble ne pas totalement avoir compris ce qui a fait le succès de Kingsman: Services Secrets et Kingsman 2: Le Cercle d'Or. Certes, les aspects gadget et spectaculaire sont perdus à cause du retour dans le temps mais c'est aussi ce qui rend cette licence intéressante. Il ne faut donc pas s'attendre à avoir des chorégraphies rythmées comme la scène de l'église dans le premier film, mais plutôt à des ralentis en pleine guerre.
Ce prequel sert vraiment de pause dans la franchise mais au lieu d'avoir été très courte, elle aura été beaucoup trop rallongée à cause de la pandémie de COVID-19 qui a repoussé un grand nombre de fois sa sortie. Je ne pense pas être vraiment la cible, même si le casting est très intéressant et que l'intrigue est intéressante par moments, les longueurs et le focus sur la paternité n'ont pas aidé à me séduire.
Malheureusement pour The King's Man, il risque peut-être de se faire oublier (et écraser) au box office après la sortie de Spider-Man: No Way Home et Matrix Résurrections les semaines précédentes.